Les 16 et 17 octobre 2024, une Réunion conjointe de haut niveau du Processus de Khartoum et du Processus de Rabat a été organisée à Lisbonne, Portugal, dans le cadre de la présidence égyptienne du Processus de Khartoum et de la présidence portugaise du Processus de Rabat. L’événement a réuni 154 participants, y compris 100 participants venus de 53 pays partenaires des deux Dialogues, ainsi que des experts internationaux et des représentants d’organisations internationales. Au cours de ces deux jours, ils ont partagé les leçons apprises, bonnes pratiques et recommandations clés en vue de renforcer la coopération bilatérale et multilatérale en Europe et en Afrique, et afin de favoriser la mobilité des compétences et l’attraction des talents.
Des priorités européennes et africaines diverses mais convergentes
Les deux allocutions inaugurales ont permis aux intervenantes de présenter une vue d'ensemble des contextes africain et européen, et de souligner les principaux défis auxquels les deux continents sont confrontés. En Afrique, la jeunesse représente une opportunité importante de croissance et d’innovation, et la migration peut soutenir le développement, en favorisant développement des compétences et des contributions économiques. Cependant, les questions de fuite des cerveaux ou d’inadéquation des compétences sont autant de défis qui entravent ce potentiel. En Europe, bien que de multiples initiatives d’attraction des talents existent à l’échelle nationale ou européenne, tels que les Partenariats pour les Talents, la complexité des procédures et leur mise en œuvre limitée restreint leur impact. Plusieurs initiatives sont également limitées aux travailleurs qualifiés et ne ciblent pas les populations qui pourraient le plus bénéficier des programmes de développement des compétences.
Afin de répondre à ces défis, les deux intervenantes ont proposé une série de mesures qui visent à renforcer la mobilité de la main d’œuvre, notamment à travers un plus grand usage des outils digitaux, une meilleure collecte des données, l’implication du secteur privé, ou la mise en œuvre effective des voies existantes.
Des voies innovantes pour la migration de travail et la mobilité des compétences
La première session a exploré des programmes innovants conçus pour le développement des compétences et la mobilité, la (ré)intégration efficace des travailleurs au sein des pays d’origine et de destination, ou une meilleure adéquation des compétences. La digitalisation a notamment été identifiée comme un levier crucial, dans la mesure où le développement d’outils digitaux et de plateformes peut soutenir la mobilité internationale du travail, l’adéquation entre l’offre et la demande de travail, une meilleure collecte des données, et une vérification et un contrôle efficace de parties prenantes telles que les agences de recrutement ou les employeurs internationaux, afin de protéger les migrants contre les abus. Les intervenants ont également insisté sur l’importance de développer des partenariats équilibrés qui favorisent des bénéfices mutuels pour les pays d’origine et de destination, tout en prenant en compte les droits des travailleurs.
Lors de la deuxième table ronde, cinq pays ont présenté leurs cadres de coopération bilatérale et multilatérale. Les experts ont mis en avant la complémentarité entre des outils formels, tels que les accords bilatéraux de travail (ABT) ou les mémorandums d’entente, et des programmes informels qui s’adaptent aisément aux besoins changeants des marchés du travail. Tandis que les cadres formels sont des documents légaux cruciaux, qui incluent des provisions importantes en matière de protection des droits de l’homme et des objectifs précis, les programmes informels offrent de la flexibilité et sont plus faciles à mettre en œuvre. Les intervenants ont également insisté sur la nécessité d’adopter des approches multipartites et de développer la coopération aux niveaux régional et multilatéral, en tant que facteurs de succès pour les programmes de mobilité du travail.
Elaborer des voies de migration globales pour des résultats gagnant-gagnant
32 recommandations ont été tirées des discussions de la réunion. Les participants et les intervenants ont en premier lieu insisté sur l’importance de voies globales qui soient construites à partir d’une évaluation détaillée des compétences demandées ; incluent une diversité de programmes pour la mobilité de court-terme, circulaire, ou à long terme ; répondent au défi de la fuite des cerveaux et soutiennent le développement de la main-d’œuvre dans les pays d’origine ; assurent la protection des travailleurs et de bonnes conditions de travail ; soutiennent la (ré)intégration dans les pays d’origine et de destination ; et impliquent toutes les parties prenantes nécessaires, y compris les syndicats, le secteur privé, et d’autres partenaires clés. La prise en compte de toutes ces dimensions devrait assurer des voies de mobilité qui soutiennent des partenariats gagnant-gagnant, favorisant le développement des pays d’origine tout en répondant aux pénuries de main-d’œuvre et aux changements démographiques dans les pays de destination.