Le 27 mars 2025, la troisième réunion du Réseau des Points Focaux Nationaux (PFN) pour les migrants disparus a marqué une nouvelle étape importante dans les efforts de la communauté internationale pour améliorer la coopération relative aux cas de migrants disparus. Organisée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et co-convoquée par la Suisse et la Gambie avec le soutien du Secrétariat du Processus de Rabat, cette réunion de suivi a rassemblé plus de 50 participants, y compris des représentants issus de 27 pays partenaires du Processus de Rabat et des représentants des organisations internationales pertinentes, telles que le HCR et l’OIM, et s’est concentrée sur l’échange de bonnes pratiques et le renforcement de la collaboration entre les Etats et les organisations de la société civile travaillant sur cette question cruciale.

En mars 2025, d’autres pays partenaires du Dialogue ont rejoint le Réseau pour contribuer activement aux discussions et développer la coopération internationale. Le Réseau inclut à ce jour 22 pays partenaires, avec d’autres pays prévoyant de le rejoindre dans un futur proche.

Efforts de la société civile et recommandations

Lors d’une première session, M. Mahmoud Kaba de  Euromed Rights et M. Filippo Furri de l’Institut Convergences Migration ont présenté des résultats tirés de leur projet collaboratif sur l’engagement de la société civile méditerranéenne sur la question des migrants disparus. Financée par la Suisse, cette initiative vise à mettre à l’agenda politique en Europe et au Maghreb la question des migrants disparus et des besoins de leur famille, à renforcer les cadres légaux nationaux pour défendre les droits humains des demandeurs d’asile, des réfugiés et des migrants.  

Une série de recommandations ont été présentées aux Etats, y compris le développement de protocoles clairs et efficaces pour chaque étape des processus d’identification et de recherche des migrants disparus, la création d’une plateforme de coordination impliquant les organisations de la société civile, les familles des migrants disparus, les organismes internationaux, et des autorités étatiques, ainsi que la mise en place de mécanismes de soutien pour les familles concernées. M. Furri a également défendu une “approche médico-légale holistique” impliquant les pays d’origine, de transit et de destination. Il a présenté une initiative de cartographie regroupant 50 acteurs de la société civile autour de la région méditerranéenne afin de soutenir le partage d’informations. Il a également insisté sur l’importance de connecter les secteurs formel et informel pour résoudre les cas de migrants disparus.

Défis médico-légaux et innovations : leçons de l’Amérique latine et au-delà

Mme Mercedes Salado-Puerto de l’équipe argentine d’Anthropologie médico-légale (EAAF) a fourni une vue d’ensemble des défis relatifs à l’identification des migrants disparus et à l’application des méthodologies médico-légales. En s’appuyant sur l’expérience extensive de l’EEAF en Amérique latine, elle a mis en avant certaines barrières structurelles telles que des systèmes de données fragmentés, des options limitées pour le signalement de disparitions de migrants, et l’absence d’un système centralisé de gestion de l’information. Elle a également mis en avant des initiatives prometteuses en Gambie, au Sénégal, en Tunisie, au Maroc, ainsi qu’un protocole pionnier d’identification des migrants en Espagne. Par ailleurs, elle a présenté le Projet frontalier de l’EEAF en Amérique latine, qui a établi avec succès un mécanisme de coordination médico-légale impliquant les Etats ainsi que des acteurs de la société civile, fournissant un soutien précieux et défendant les familles de migrants disparus à travers l’Amérique.

Ms. Salado-Puerto a conclu en insistant sur le rôle crucial des NFP pour combler les lacunes institutionnelles et pour renforcer la collaboration entre la société civile, les autorités médico-légales, et les institutions nationales. Elle a également souligné que les migrants disparus, les familles et la société civile sont déjà interconnectés, et a appelé à urgemment utiliser les liens existants pour faire progresser la situation.

Perspectives futures : actions concrètes et impulsion de collaboration

Durant la discussion, les participants ont mis en avant des étapes concrètes pour répondre aux défis identifiés. Ces étapes incluent notamment de s’appuyer sur les exemples du cas latino-américain pour construire des mécanismes de recherche nationaux efficaces, d’établir des points d’entrée clairs où les familles puissent signaler des disparitions, et s’appuyer sur les réseaux de la société civile existants. Les intervenants ont également souligné le besoin d’assurer la coordination entre les efforts humanitaires de recherche et les poursuites pénales.

La discussion s’est conclue par un appel à maintenir la dynamique et à bâtir sur les recommandations et outils partagés lors de la réunion. Les résultats contribueront à la Réunion Thématique prochaine sur les migrants disparus, prévue les 9-10 juillet 2025 à Banjul, en Gambie. Co-présidée par la Gambie et la Suisse, avec le soutien technique du CICR, cette réunion rassemblera les représentants des pays partenaires du Processus de Rabat, ainsi que le Réseau des PFN pour les migrants disparus, des organisations internationales, et des acteurs régionaux, pour explorer des solutions innovantes et collaboratives pour identifier et soutenir les migrants disparus et leurs familles.