Que disent les réfugiés, les migrants et leurs passeurs à propos du trafic de migrants en Afrique de l'Ouest et du Nord ? Des informations sur leurs expériences ont été recueillies par le Centre sur la Migration Mixte (MMC) dans le cadre de son initiative 4Mi qui collecte des données quantitatives standardisées sur les migrations mixtes. Le 22 juin 2022, le MMC a présenté des informations tirées de ses données primaires sur le trafic de migrants et son financement en Afrique de l'Ouest et du Nord lors d'un atelier avec les partenaires du Processus de Rabat à Bruxelles, en Belgique.
Les participants ont discuté des dernières données et ont partagé leur propre expertise et leurs points de vue sur cette question complexe. Cette réunion était la dernière d'une série d'ateliers lancés en 2021, et la première à laquelle les participants ont pu assister en personne, en raison des restrictions imposées précédemment à cause de la pandémie de Covid-19.

Entretiens avec des réfugiés, des migrants et des passeurs

En 2021, MMC a recueilli plus de 5000 entretiens avec des réfugiés et des migrants au Mali, au Niger, au Burkina Faso, en Tunisie et en Libye, ainsi que 350 entretiens avec des passeurs, en collaboration avec l'Observatoire du trafic de migrants de l'ONUDC. Le résultat est un ensemble de données non représentatif qui fournit des informations utiles sur la dynamique du trafic de migrants en Afrique de l'Ouest et du Nord.

« On les héberge pendant des jours, on les nourri, on leur fait des papiers. »
- Entretien avec un passeur, Mali

« Le passeur va prendre ton argent, va te trahir, (…) on va te mentir sur la route et puis tu vas souffrir, si tu n’as pas l’argent ça c’est un autre problème on va te mettre en prison si on t’attrape. » - Entretien migrant, Niger 

Passeurs, risques et motivations 

Les données sur les profils, les risques et les moteurs du trafic de migrants ont été au centre de la première partie de l'atelier. 70 % des personnes interrogées ont indiqué avoir eu recours à des passeurs. Les données ont également montré que les passeurs étaient principalement utilisés pour franchir les frontières internationales et les points de contrôle à l'intérieur du pays, et comme fournisseurs d'hébergement. En Afrique de l'Ouest, les répondants ont majoritairement perçu les passeurs auxquels ils avaient recours comme fournissant un service (61%) et non comme des criminels (3%) et, en général, les répondants n'ont pas identifié les passeurs comme les principaux responsables des violations des droits de l'homme sur leur parcours. En outre, les données ont montré que les agents de l'État jouaient un rôle clé dans le trafic de personnes.

Le commerce lucratif du trafic de migrants

Dans la deuxième partie de l'atelier, les participants ont discuté des aspects financiers du trafic de migrants. Les données recueillies par le MMC ont confirmé que le trafic est une activité lucrative, et que les Africains de l'Est sont confrontés à des coûts plus élevés que les autres groupes. En général, les frais payés aux passeurs représentaient 60% du coût total du voyage. Les passeurs étaient payés en espèces plutôt que par transfert d'argent, à l'exception de la Tunisie. En Afrique du Nord notamment, les migrants et les réfugiés couraient de grands risques de détention pour garantir le paiement. Les données ont également montré une augmentation récente des frais de passeurs liée au renforcement des contrôles.

Le contexte

Le Processus de Rabat aborde le trafic de migrants dans le Domaine 4 de son cadre stratégique pluriannuel, le Plan d'action de Marrakech. En 2019, le Dialogue a organisé un atelier régional sur le trafic de migrants à Abidjan, en Côte d'Ivoire. La série d'ateliers avec le MMC a été lancée en 2021 et a abordé des sujets liés à différents domaines du plan d'action de Marrakech, sur la base des données 4Mi du MMC, et avec une approche orientée vers l'avenir :

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