Madrid, les 1er et 2 juillet 2019, accueillie par l'Espagne et coprésidée par le Maroc.
Le Processus de Rabat a organisé une Réunion Technique sur la "Coopération entre pays d'origine, de transit et de destination dans le domaine de la gestion des frontières" à Madrid, Espagne, du 1er au 2 juillet 2019. La réunion, coprésidée par le Royaume d'Espagne et le Royaume du Maroc, a rassemblé 80 participants représentant 33 pays partenaires du Dialogue (dont 13 pays européens et 20 pays africains), une délégation de l'Union européenne et des experts de l’ICMPD. Pour la première fois, des représentants du Liban - un pays qui n'est pas partenaire du Dialogue - ont été invités à prendre part aux discussions, afin de partager les connaissances et l’expérience acquises en matière de gestion des frontières dans le contexte très spécifique de leur pays.
Présence de haut niveau et contexte de la réunion thématique
Conscientes de l'importance de ce thème pour les partenaires, plusieurs personnalités de haut niveau, telles que Fernando Grande-Marlaska, ministre de l'Intérieur espagnol; Khalid Zerouali, directeur des migrations et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur marocain; Paraskevi Michou, directrice générale de DG HOME ; Jean-Marie Bruno, directeur du service des affaires internationales et européennes de la direction générale des étrangers en France et Martijn Pluim, directeur des Dialogues Migratoires et de la Coopération de l’ICMPD, se sont exprimés lors de cérémonie d’ouverture. Ils ont abordé les bonnes pratiques mises en œuvre conjointement par les partenaires africains et européens dans le domaine de la gestion des frontières et ont souligné la nécessité d’étendre et d’intensifier la coopération dans ce domaine, pierre angulaire d'une politique migratoire globale, efficace et équilibrée.
Ces dernières années, la lutte contre l'immigration irrégulière, le trafic illicite de migrants et, plus généralement, la gestion des frontières, sont des thèmes sur lesquels les États de la région du Processus de Rabat ont de plus en plus concentré leur attention. Ceci a mis au jour l’existence d’un intérêt commun à identifier des solutions possibles entre les pays d'origine, de transit et de destination le long des routes migratoires reliant l'Europe et l'Afrique occidentale, centrale et du Nord. Depuis sa création, le Processus de Rabat a accordé une attention particulière au renforcement des capacités nationales en matière de gestion des frontières. En effet, cette question était déjà abordée dans la première Déclaration politique signée à Rabat en 2006, et figure dans toutes les déclarations ministérielles qui lui ont succédé. En outre, il s'agit d'une priorité du cadre stratégique actuel du Dialogue (Déclaration politique et Plan d'action de Marrakech 2018-2020).
D’après M. Martijn Pluim, face à l’émergence de défis et d’opportunités inédits, provoquée par l’accroissement des mobilités mondiales, "le bon fonctionnement et l'efficacité des frontières constituent le fondement de la mobilité et du développement régional. Cette réunion nous permet de poursuivre le travail accompli depuis 2013, d'avancer dans la mise en œuvre du Plan d'Action de Marrakech et constitue une occasion importante d'apprendre les uns des autres. Je suis heureux de voir des projets opérationnels présentés et discutés, des pratiques concrètes identifiées ainsi que des experts techniques d’un si grand nombre de pays se réunir pour partager leurs précieuses connaissances."
L’accent sur la réalité du terrain
La réunion s'est concentrée sur le partage de bonnes pratiques en matière de coopération bilatérale et régionale dans les domaines de la lutte contre l'immigration irrégulière et, plus généralement, de la gestion des frontières. Des experts techniques, issus entre autres des gardes-frontières, de la police, des douanes ou des forces armées de pays africains et européens, ont partagé leur expérience avec leurs homologues. Plusieurs projets et programmes illustrant les pratiques de coopération dans ce domaine, ainsi que les contextes dans lesquels ils ont été développés, ont été présentés par les acteurs impliqués dans leur mise en œuvre, contribuant ainsi à sensibiliser les partenaires aux défis et aux contraintes auxquels ils ont été confrontés. L'expertise de l'ICMPD en Afrique et au Moyen-Orient, acquise à travers les différents projets mis en œuvre par l'organisation en Tunisie, au Maroc et au Liban, a permis d’enrichir les discussions.
La coopération et l'adaptation comme étapes clés pour aller de l'avant
Au cours de la réunion, la nécessité d’une coordination régionale forte pour faire face aux défis posés par la gestion des frontières a été souligné par tous les participants. En outre, les experts ont insisté sur le caractère évolutif de la notion de frontières. En raison de l’ouverture des frontières au sein de l’Afrique (zone de libre circulation de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) et de l’Europe (Espace Schengen), la nécessité de faire partie d'un cadre commun et d'un système de partage d'informations a été évoquée à plusieurs reprises. Le défi de trouver un équilibre entre le droit à la libre circulation et le droit des États de gérer leurs frontières a également été souligné.
Les participants sont convenus que, pour relever les défis de la coordination de la gestion des frontières, une adaptation à l'environnement et aux ressources disponibles et un apprentissage mutuel sont nécessaires. A cet égard, l'orientation pratique du Processus de Rabat et la plate-forme qu'il offre pour les échanges informels entre pairs ont été et continueront d'être particulièrement pertinents.